Lors d’une conférence de presse tenue vendredi 4 octobre, le Professeur Jean-Claude Isaac Tshilumbayi, Premier vice-président de la chambre basse du parlement et haut cadre de l’UDPS, a suscité un vif débat en affirmant que le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, avait réussi à augmenter le budget national de 4 milliards de dollars à 16 milliards de dollars en deux ans. Selon Tshilumbayi, ce nouveau budget a permis de mécaniser 600.000 enseignants, de recruter plus de 52.000 fonctionnaires de l’État, de construire cinq universités, ainsi que des routes, des écoles et l’hôpital de Mama Yemo.
Cependant, cette déclaration a suscité un tollé sur les réseaux sociaux et auprès de l’opposition. Joseph Edeba, analyste politique et président fédéral du parti Leadership et Gouvernance pour le développement, a qualifié cette affirmation d’“abroutissement intellectuel”, relevant que la pauvreté et la misère persistent malgré les “minuscules réalisations”.
« La politique en Rdc semble devenir un réceptacle d’abroutissement intellectuel. Comment quelqu’un qui se dit être professeur d’universités peut débiter pareille ineptie, croyant que la misère insondable du peuple se dissipe par de si minimes réalisations résumant ainsi les presque 10 ans de règne et gouvernance de l’UDPS ? C’est une véritable trahison intellectuelle et morale que ces gouvernants infligent à la société », a-t-il écrit.
Un autre point de vue pour le moins acerbe a été exprimé par Yan Muland, directeur général de la société SYS SARL :
« On ne parle pas de budget mais plutôt de la vie sociale de la population. Ce budget apparent de 4 milliards faisait vivoter la population Congolaise, mais votre soi-disant budget de 16 milliards, en quoi nous a-t-il servi ? Réfléchissons ensemble, chers politiciens », a-t-il posté sur son compte X.
« Il est regrettable de voir que même les professeurs d’université sont affectés par le virus du parlement debout. Ce populisme appartient à un autre âge. La manipulation du peuple congolais avec de telles âneries, hérésies et mensonges est dépassée », a réagi un jeune congolais sur X.
Poussant l’indignation encore plus loin, le Cardinal Fridolin Ambongo a qualifié l’état de la RDC de « faillite », mettant en doute les succès revendiqués par le gouvernement actuel.
En réaction, Tshilumbayi a défendu ardemment le bilan de Félix Tshisekedi :
« Durant les 18 ans de présidence de Joseph Kabila, il n’a même pas peint un bâtiment au Kasaï-Central. En comparaison, en 5 ans, Félix Tshisekedi a importé 300 ponts. Les Belges n’ont pas fait autant en 80 ans ! Quel autre régime peut dire qu’il a fait mieux en 5 ans ? », a-t-il répliqué.
Malgré ces déclarations optimistes, la réalité sur le terrain semble contredire les affirmations du gouvernement. Les Congolais continuent de vivre dans des conditions précaires, et beaucoup se demandent si ces chiffres flamboyants ne sont pas qu’un écran de fumée destiné à masquer l’inefficacité d’une gouvernance critiquée pour son manque de transparence et son éloignement des préoccupations quotidiennes des citoyens.
S. Tenplar NGWADI
