Le gouvernement congolais a adopté le projet de loi de finances pour l’exercice 2025, portant le budget à un niveau record de 49.847 milliards de FC (17,739 milliards USD). Ce budget affiche une hausse de 21,6% par rapport à l’année précédente, suscitant autant d’espoir que de questions quant à sa capacité à stimuler réellement l’économie.
Un budget ambitieux, mais des interrogations persistent
Le ministre du Budget, Aimé Boji, a mis en avant l’allocation de crédits importants pour des secteurs prioritaires, avec l’objectif de diversifier l’économie nationale. Le budget prévoit une hausse significative des dépenses salariales (18,3%) et des investissements (18,2%). Le Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) 2025-2027 prévoit également un taux de croissance économique moyen de 6,4% pour les trois prochaines années.
Cependant, la mise en œuvre de ce budget ambitieux soulève des interrogations, notamment:
• L’impact réel sur l’économie : L’augmentation des dépenses, notamment salariales, pourra-t-elle effectivement relancer l’économie ou simplement alimenter l’inflation sans générer une croissance durable ?
• Le financement du budget : Le recours à l’emprunt, local et international, pour combler le déficit budgétaire ne risque-t-il pas d’alourdir la dette publique et d’impacter négativement les générations futures ?
• La capacité d’absorption : Le gouvernement est-il réellement capable d’absorber et de gérer efficacement les investissements prévus, compte tenu des défis de corruption et de mauvaise gouvernance ?
Certains experts saluent l’ambition du gouvernement de dynamiser l’économie, tandis que d’autres mettent en garde contre les risques de surendettement et de mauvaise gestion des fonds publics.
« Ce budget de 17,7 milliards USD pour 2025 est farfelu quand on sait que la corruption et la mauvaise gestion restent des obstacles majeurs à tout développement durable. Priorités mal alignées ? », interroge un économiste sous couvert d’anonymat.
La population, quant à elle, attend de voir des résultats concrets sur le terrain, en matière d’amélioration des conditions de vie et de création d’emplois.
« Toutes les années passées le budget était toujours à la hausse mais sans impact sur la vie de la nation. L’armée, la police, l’administration publique, voies de communications, panier de la ménagère, etc. Les plus heureux sont les auteurs des scandales financiers hebdomadaires », a déclaré depuis son compte X, Joseph Bilombi, encadreur des jeunes et défenseur des droits humains.
« Ça ne sert à rien si 80% de mobilisation finiront dans les paradis fiscaux, et les poches des détourneurs avec des projets bidons qui ne finissent jamais ! On était à 4 milliards, et Aujourd’hui à 16, on dirait qu’on a régressé ! Rien de bon, aucune route, impatiemment…», a fait savoir un autre jeune congolais.
Le débat sur le budget 2025 est donc loin d’être clos. La réussite de cette ambition repose sur la capacité du gouvernement à mettre en place des mécanismes de contrôle et de transparence pour garantir une gestion efficace des fonds publics et un impact réel sur le développement économique du pays.
S. Tenplar NGWADI