Dans une annonce qui suscite déjà des réactions mitigées, le Vice-Premier ministre et ministre de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau, a révélé lors de l’émission “Le Débat” sur Top Congo FM une réduction significative du nombre de fonctionnaires en République Démocratique du Congo (RDC). Le nombre d’agents de l’État, qui s’élevait à 1 425 000 en juin 2023, est désormais ramené à 795 000 à la suite d’une vaste opération de contrôle et d’assainissement.
Jean-Pierre Lihau a expliqué que cette opération visait à atteindre un objectif final de 643 000 agents, permettant ainsi une meilleure maîtrise des effectifs. « Après un contrôle minutieux, nous avons réduit le nombre de fonctionnaires de l’État. Notre objectif était d’atteindre 643 000 agents pour une meilleure maîtrise des effectifs », a-t-il précisé. Cependant, il a également souligné qu’il reste des ajustements à faire, notamment en raison des “nouvelles unités”, ces agents intégrés sans numéro matricule préalable.
Le ministre a mis en avant le rôle crucial du fichier de référence de l’administration publique (FRAP, version 2), qui a permis l’identification biométrique des agents publics. « Aujourd’hui, nous avons 795 000 agents et fonctionnaires de l’État captés par le FRAP2 après cette opération d’identification », a-t-il déclaré. Cette initiative vise à assainir l’administration publique congolaise et à garantir une correspondance stricte entre le nombre de postes, le nombre d’agents et les salaires versés.
Un passé chaotique à réformer
Jean-Pierre Lihau n’a pas hésité à dénoncer les pratiques passées qui ont conduit à une situation chaotique dans la fonction publique. « Avant, les recrutements se faisaient de manière chaotique, impliquant des membres de familles, d’églises, ou de partis politiques », a-t-il déploré. Cette déclaration soulève des questions sur la transparence et l’équité des processus de recrutement antérieurs.
Les réformes annoncées visent non seulement à assainir l’administration mais aussi à maîtriser la masse salariale de l’État, un enjeu crucial pour améliorer la gestion des finances publiques en RDC.
Des réactions contrastées
Cette annonce a déjà provoqué des réactions contrastées au sein de la société congolaise. Certains saluent cette initiative comme un pas vers une administration plus efficace et responsable, tandis que d’autres craignent que cela ne mène à une surcharge de travail pour les agents restants et à une détérioration des services publics.
« Réduire le nombre de fonctionnaires ne résout pas le chaos administratif dans un pays de plus de 100millions d’habitants. Au contraire, cela risque d’aggraver la situation en surchargeant les agents restants. La solution passe par une meilleure formation, une revalorisation salariale et une lutte accrue contre la corruption », a fait savoir depuis son compte X, Serge Matulu, libre penseur et économiste congolais.
Les prochains mois seront cruciaux pour observer les effets de cette réforme sur le terrain. La mise en place d’identificateurs dans les zones encore non couvertes, notamment dans les territoires de Sankuru, du Nord-Kivu et de l’Ituri, sera essentielle pour garantir la réussite de cette opération d’assainissement.
S. Tenplar NGWADI