Dans le cadre d’un projet ambitieux, le Corridor de Lobito prévoit la modernisation de 1 300 kilomètres de voies ferrées reliant l’Angola, la République Démocratique du Congo (RDC) et la Zambie. Cette initiative, soutenue par le gouvernement américain, représente l’investissement le plus important jamais réalisé par les États-Unis dans un projet ferroviaire à l’étranger. L’objectif est de tirer parti des ressources stratégiques de la région, notamment le cobalt et le cuivre, qui sont essentiels à la transition énergétique mondiale et au développement des technologies propres, comme les véhicules électriques.
Cependant, ce projet suscite des inquiétudes parmi les leaders politiques congolais. Alain Daniel Shekomba, ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018 et expert en relations internationales, a fait une déclaration sur son compte X : « Corridor Lobito entre dans le cadre de ce que l’on qualifie désormais dans le jargon de la politique internationale de : deuxième guerre froide entre les USA et la Chine, chacun de ses deux pays cherche à être le leader de la transition jumelle… pour accroître leurs Produits intérieurs brut (PIB). La compétition mondiale n’est plus celle de conquête des territoires, mais celle de conquête des parts des marchés, c’est une guerre d’attractivité ! ».
Daniel Shekomba précise que cette dynamique pourrait se retourner contre les pays concernés. « Les États africains doivent mettre en place une stratégie pour pouvoir tirer profit de cette deuxième guerre froide… Les multinationales et la chaîne globale de valeurs dominent les décisions économiques, et les pays comme la RDC, l’Angola et la Zambie ne gagneront que des miettes, tout simplement parce que ce n’est pas un projet conçu par eux ».
Il indique également l’importance de repenser la perception des ressources africaines. « Les investisseurs parlent plus de l’Afrique parce que c’est l’endroit où ils peuvent presque avoir cette matière première à bas prix, soit par un peu de corruption aux membres du gouvernement, soit au travers de financement des groupes armés ».
Pour cet homme d’affaires, l’avenir de l’Afrique nécessite une vision unifiée. « Si on veut penser à un avenir pour l’Afrique, il faut arrêter avec des petites guerres territoriales qui ne profitent qu’aux multinationales et à leurs États d’origine. Il est crucial de mettre en place une stratégie commune qui va permettre d’accroître l’attractivité des États Africains ».
Le Corridor de Lobito représente ainsi bien plus qu’un simple projet d’infrastructure. Il illustre les tensions géopolitiques actuelles et les enjeux économiques qui se cachent derrière l’exploitation des ressources naturelles. Les pays concernés doivent donc agir rapidement et intelligemment pour s’assurer qu’ils ne soient pas simplement des spectateurs dans cette lutte pour le contrôle des marchés mondiaux.
S. Tenplar NGWADI
