La République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à une augmentation fulgurante du prix des données mobiles, des SMS et des transferts d’argent par téléphone mobile. Les opérateurs comme Orange, Airtel, Vodacom et Africell ont vu leurs tarifs doubler, voire tripler du jour au lendemain, suscitant l’indignation des consommateurs.
« Avant, on trouvait des forfaits de 10 méga, 15 méga, 25 méga… Maintenant, il faut au moins 1 Giga pour avoir une connexion potable », déplore Christian Luveto, jeune journaliste. Les minutes d’appel et les SMS ont également subi des hausses significatives, rendant l’accès aux services de communication de plus en plus onéreux pour les Congolais.
Me Modeste Musanda, défenseur judiciaire près la cour d’appel de Kinshasa/Matete, estime que le problème réside dans la régulation du secteur. Il appelle l’État à collaborer étroitement avec les entreprises de télécommunications pour favoriser un environnement concurrentiel et accessible, permettant à un plus grand nombre de Congolais de profiter des services numériques.
« Les opérateurs doivent adopter une approche plus centrée sur le client, en proposant des tarifs plus abordables et des services de meilleure qualité », ajoute-t-il.
Cette situation rappelle l’imbroglio de 2015-2016, où le gouvernement avait accusé les opérateurs de téléphonie mobile de fixer un prix planché pour mettre fin à la guerre des prix. Les opérateurs, quant à eux, mettaient en avant la pression fiscale résultant de la hausse de la taxe sur le chiffre d’affaires.
En 2020, un arrêté interministériel a compliqué la situation en fixant les taux de droits, taxes et redevances à percevoir en dollars américains, alors que la RDC utilise le franc congolais comme monnaie nationale. « Comment comprendre qu’un pays utilisant sa monnaie nationale impose des taxes en monnaie étrangère ? », s’interrogent certains observateurs.
L’acquisition de licences pour l’exploitation de la téléphonie mobile 2G, 3G et 4G implique le paiement de millions de dollars américains, ce qui impacte directement la tarification des services pour les consommateurs. Par exemple, une entreprise qui souhaite s’équiper de la technologie 2G doit débourser 65 millions de dollars américains, 15 millions de plus pour la 3G et 20 millions pour la 4G. L’installation d’infrastructures à haut débit, comme la fibre optique, coûte également des sommes exorbitantes en dollars, ce qui limite l’accès à Internet pour la majorité des Congolais. L’installation d’un réseau à fibre optique ou d’une autre infrastructure à haut débit, peut coûter jusqu’à 150 000 dollars américains par zone au niveau métropolitain et 200 à 300 000 dollars américains par tranche de 100 Km au niveau national.
Ben TSHOKUTA