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RDC-Chine : les liaisons dangereuses entre Pékin et les pays africains ? Le cas du contrat minier congolais interroge

Alors que la Chine a accueilli cette semaine un sommet africain majeur, les relations économiques entre Kinshasa et Pekin font l’objet d’un débat houleux.

 

Depuis 40 ans, la relation entre la RDC et la Chine a connu une transformation majeure. D’une aide au développement symbolique à l’époque de Mobutu, elle est devenue un partenariat commercial intense, avec des investissements chinois massifs dans le secteur minier congolais.

 

L’accord minier signé en 2008, qui a considérablement évolué au fil des ans, suscite de vives critiques quant à son impact réel sur l’économie congolaise.

 

Un déséquilibre commercial alarmant ?

 

Les chiffres sont éloquents : en 2022, les exportations chinoises vers la RDC ont atteint 5 milliards de dollars, contre 18,7 milliards de dollars d’importations de la Chine en provenance de la RDC. Cet excédent de la balance commerciale, estimé à 14,2 milliards de dollars, est majoritairement alimenté par les exportations de minerais vers la Chine.

 

Le secteur minier, un terrain de jeu pour les chinois ?

 

Le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, a pointé du doigt la dépendance excessive de l’économie congolaise au secteur minier. « 80% des intérêts économiques de la Chine en RDC sont concentrés sur le secteur minier, dont 90% du cuivre et du cobalt congolais exportés vers la Chine », a-t-il affirmé.

 

Les propos du ministre du Commerce extérieur révèlent une situation préoccupante pour la RDC. La dépendance quasi-totale du pays au marché chinois pour l’exportation de ses ressources minières, en particulier le cuivre et le cobalt, la place dans une position de dépendance dangereuse.

 

Le pourquoi de cette situation qualifiée de “liaison dangereuse” repose sur ces aspects :

 

– La RDC n’a pas de réel pouvoir de négociation face à la Chine, qui détient le monopole d’achat des ressources essentielles à l’économie congolaise. Cela la rend vulnérable aux fluctuations des prix et aux décisions de la Chine;

 

– La Chine pourrait exploiter la dépendance de la RDC pour fixer des prix bas et profiter des ressources naturelles du pays sans offrir de contrepartie équitable;

 

– La concentration sur le secteur minier rend l’économie congolaise fragile et vulnérable aux crises du marché mondial des matières premières.

 

Pour sortir de cette “liaison dangereuse”, la RDC doit prioriser deux actions capitales :

 

1. Briser le monopole de la Chine :

– La RDC doit attirer d’autres investisseurs étrangers et créer des partenariats avec d’autres pays pour diversifier ses exportations et ses sources de financement;

 

– La RDC doit encourager le développement d’industries locales qui transforment les ressources minières avant leur exportation, ajoutant de la valeur et réduisant la dépendance à la Chine;

 

– La RDC doit négocier des accords plus favorables avec la Chine et d’autres partenaires, en assurant des prix justes et des conditions d’exploitation responsables.

 

2. Diversification économique :

 

– La RDC doit investir dans les services comme les assurances, la production d’énergie, la logistique, les technologies de l’information et les infrastructures;

 

– La RDC doit développer des secteurs agricoles et industriels plus solides pour créer de nouveaux emplois et réduire la dépendance aux ressources minières.

 

Un accord minier remis en question ?

 

L’accord minier de 2008, qui prévoyait initialement un financement de 6 milliards de dollars pour l’extraction de minerais congolais, a été fortement critiqué. L’Inspection générale des finances (IGF) de la RDC a conclu à un “important déséquilibre financier” au détriment de la RDC, estimant que la Chine a bénéficié de 76 milliards de dollars contre seulement 3 milliards d’infrastructures pour la RDC.

 

Le président Tshisekedi s’est prononcé pour une révision de l’accord, qui a finalement été renégocié. L’accord révisé prévoit désormais un financement d’infrastructures de 7 milliards de dollars sur 17 ans, avec un minimum de 324 millions de dollars alloués chaque année à la construction d’infrastructures.

 

La question se pose : est-il possible de construire un partenariat économique réellement mutuellement bénéfique entre la Chine et l’Afrique ? La RDC devra trouver les moyens de diversifier son économie, de valoriser ses ressources et de se positionner de manière plus stratégique dans les relations avec la Chine, afin de ne pas devenir une simple source de matières premières.

 

Rédaction

 

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