La République Démocratique du Congo (RDC) se trouve à un carrefour crucial. Le corridor ferroviaire Kolwezi-Lobito, reliant les mines congolaises à l’océan Atlantique, représente une opportunité vitale pour les entreprises minières du pays. Cependant, la voie ferrée de 427 km entre Kolwezi et la frontière angolaise attend désespérément les investissements nécessaires pour sa rénovation.
Un trafic ferroviaire en déclin
À Kamalondo, une locomotive fait son apparition en provenance d’Afrique australe. Toutefois, le constat est amer pour Marcel Yabili, un habitant rencontré près de la voie ferrée : « Avant, tu avais une circulation de train pour aller à l’usine de la Gécamines et une grande circulation pour aller du sud au nord pour les importations. Maintenant, il y a juste une ou deux locomotives par jour ». Ce déclin du trafic illustre les défis auxquels le corridor est confronté.
Les locomotives encore en service sont principalement utilisées par Trafigura pour l’exportation du cuivre et du cobalt de la société minière Kamoa. D’autres entreprises, comme Somika, espèrent également tirer parti de cette voie. Fortunat Kande, chargé des relations publiques de Somika, souligne : « Par la route, nous avons beaucoup de problèmes douaniers puisque nous traversons beaucoup de pays. Je pense que si nos produits quittaient le pays en passant seulement par l’Angola pour rejoindre directement l’océan, ce serait une très bonne chose ».
Des enjeux économiques considérables
En 2023, environ 117 000 tonnes de produits miniers ont transité par ce corridor, selon la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Cependant, ce chiffre reste faible en raison de l’état dégradé de la voie ferrée. Mac Manyanga, directeur d’exploitation à la SNCC, indique : « Aujourd’hui, nous sommes encore à une charge acceptable. Mais au regard des prévisions de la société Kamoa, il faudrait transporter près d’un million de tonnes par an. Il est impératif de renouveler complètement la voie. Or, la réhabilitation du tronçon Kolwezi-Dilolo-frontière nécessiterait au moins 535 millions de dollars ».
Malheureusement, ces fonds ne sont pas encore disponibles. Plusieurs investisseurs se pressent pour prendre le contrôle de ce corridor stratégique. Lems Kamwanya, ancien directeur adjoint au ministère du Transport de la RDC, explique : « Plusieurs tentatives de signer des contrats de partenariat se sont avérées infructueuses à cause de problèmes divers. Tout le monde veut contrôler ce tronçon ferroviaire. La RDC n’ayant pas les moyens de réhabiliter à ses frais, elle compte sur ses partenaires. Mais avec qui partir ? »
Le caractère stratégique du corridor de Lobito a suscité l’intérêt international, notamment des États-Unis, qui cherchent à rivaliser avec la Chine dans l’accès aux ressources minérales congolaises. L’appui américain dans la recherche de financements pourrait changer la donne et redonner vie à cette infrastructure cruciale.
S. Tenplar NGWADI